16 mai 2008

Récit d'un jour...

7h, me voici en bas de chez moi, au pied du boulevard encore relativement calme, entrain d’attendre un animateur de l’association des éleveurs pour descendre vers le Sud. Je ne sais pas encore à quoi il ressemble ni quel véhicule il a, donc je balaye un peu du regard les conducteurs à la recherche de quelqu’un qui – éventuellement – me chercherai ! Evidemment, c’est pas vraiment une solution puisque tous le monde bloque sur moi dès que je les regarde… Le voilà, il fait sonné mon portable pour être sur que c’était bien moi. C’est parti pour 2h30 de route vers Tendrara, lieu de la réunion pour une demande d’ « Indicateur Géographique Protégé », une sorte d’AOC sur le mouton Beni Guil. Dès qu'on s’avance vers le sud, le paysage change complètement et on tombe sur de vastes étendues, de plus en plus dénudées avec pour seules végétations quelques touffes sèches ici et là. On a roulé la plupart du temps sous un vent de sable impressionnant, bouchant toute la vue. Les tentes des nomades apparaissent aussi, visibles depuis la route. Ca n'est pas difficile alors d'imagier la vie que doivent avoir ces gens, coupées du monde, avec le vent et le sable s'infiltrant dans le moindre recoin. Impossible alors de manger ou même de nourrir les animaux pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours... J'ai l'impression que les conditions de vie sont aussi aléatoires qu'au milieu du sahel au Sénégal ou les camps de nomades possèdent quelques habitations, certes rudimentaires, mais plus solides que des tentes. Le froid en hivers doit encore être une contrainte supplémentaire au nord. Similitudes et analogies se succèdent, construisant la vision que j'ai de cette terre, de ce pays. Mais la découverte ne se limite pas pour autant à des comparaisons ; il y a des faits, des ambiances et des situations qu'on ne pourrait transposer ailleurs. Ce sont des ressentis, qui sur le moment évoquent la simple gène de ne pas comprendre la situation, puis qui au fur et à mesure s'explique par des coutumes, des traditions ou encore de simples rituels. A la fin de la réunion, les mains ouvertes vers le ciel, les hommes entament une prière avec un chant grave. Quelques minutes plus tard, on se lèves ; nous sommes inviter à boire le thé chez Bashir Labied, grand éleveur des hauts plateaux. Accueillis dans un grand salon entourés d’une banquette bordeau et or, ce sont en fait deux agneaux qui vont être servis, cuits au four. C'est dans une ambiance plus détendue encore que se distribuent les bouts de viande brûlants et que s'entament des discussions avec d'inévitables boutades. Les uns chambrent les autres, des histoires d'argent, de mosquée, de « un tel t'a vue l'autre jour au café, qu'est ce que tu faisais là bas à minuit ?! »… et les rires fusent. On parle français, un peu, pour que je puisse comprendre mais l'arabe reprend souvent le dessus dès que le ton monte. Je me fais petite alors, seule femme, seule étrangère parmi ces hommes de terrain et ces administrateurs. Ils ne manquent pourtant pas de mettre à l'aise en me proposant (trop) de coussins et les morceaux de viande de choix posés devant moi. Arrive ensuite la semoule que l'on se sert dans un bol et sur laquelle on ajoute du lait fermenté et du sucre. Ca ressemble beaucoup qu latiri kossam des peulhs. Il n'y a pourtant pas que moi que la curiosité de l'autre éveille. Un des responsable de l'association des éleveurs enchaîne les questions : « comment ils font, chez vous pour sélection des animaux, comment sont organisés les parcours sur les terrains des propriétaires privés ?... » Je m'efforce de répondre le plus justement possible, en utilisant du vocabulaire simple et commun. Nous reprenons la route vers Oujda, juste le temps de passer à la maison pour prendre quelques affaires et rejoindre Lise, Sylviane et Isabelle pour un hammam. Le moment féminin par excellence dans ce monde d’homme ! On papotte, on mijote, on frotte… la journée a été bien remplie, riche en tout cas !

2 commentaires:

photos fred a dit…

je resterais bien des heures � te lire et � te suivre.....je voyage, je m'�vade....comme c'est bon de partager tout �a !
ta bubunette

Rémi a dit…

Moi je suis un peu niaiseu et je ne savait pas que l'on pouvait laisser des commentaires...trop bien..

Bon bah...blasouille de voir de si beau paysages si loin de mes yeux, profite pour nous tous...

Tu vis des expériences extraordinaire, des moments magiques, tu nous racontera...??

Tes photos sont magnifiques, bravo

Mais il faudra recadrer en gardant juste un centimètre et demie carré.


El Gorsk